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Incroyable !
16 janvier 2015

J'ai l'impression de jouer dans ma chambre

    Donc, après trois parties de palets me reste en tête c'est déclaration d'Hervé (qui joue donc le deuxième personnage en alternance avec Jean-Marie), déclaration d'Hervé comme pour lui-même, à la pause sur le plateau en prenant des notes: "J'ai l'impression de jouer dans ma chambre...". Le théâtre est parfois ce zoom sur l'enfance dans lequel on ne peut s'empêcher de jeter un oeil... Et sa façon de le dire était un raccourci terrible vers ces sensations parfois oubliées, métamorphosées mais qui ont fondé notre imaginaire en y mettant un tampon "Garanti à vie" !

    Je me suis souvenu avoir joué "pour" un metteur-en-scène qui n'arrêtait pas de dire: "Mais, tu vois, là, la scène, c'est ton carré de sable..." Et il avait raison, sauf que je ne reconnaissais rien, ni dans les indications, ni dans la façon de travailler qui puisse me permettre de me rapprocher de ce carré de sable... Il était comme derrière un carré transparent, joli sans doute, mais inaccessible... Et puis comment livrer quelque chose de soi quand on sent qu'il ne peut pas envahir le plateau ne serait-ce que le temps d'une réplique ? Il ne parait hélas pas utile d'aller rechercher en son propre inconnu cette perle qui n'aura sans doute jamais l'occasion d'être mise en valeur...

    Pourtant je suis revenu sur cette question, sur cette mesure de la sensibilité au théâtre. Entre la protection de soi et la confidence... J'ai toujours pensé qu'il n'y avait aucun territoire, alors que si ! Il y a l'acteur baignant dans son texte, éclaboussant, sans crainte de perdre quoi que ce soit de précieux...

    Il y a un proverbe qui dit que ce que l'on garde pour soi est perdu pour toujours, alors que ce que l'on donne est sauvé à tout jamais... C'est un peu pareil dans le jeu de l'acteur tel que je le conçois aujourd'hui si l'on pense à texte, à parole... Qui plus est quand on joue un texte qu'on a écrit: on repousse les limites de son intimité pour la partager davantage.

    La figure de André Reybaz me revient. Comédien magnifique qui avait mis en scène le premier Boris Vian au théâtre (entre autre). Il portait la confidence - disons la sincérité de son jeu - par la malice; la malice qu'il y a à faire retentir les mots, à transformer sa bouche d'acteur en une grotte profonde où l'on a l'impression que court infiniment... un enfant ! Quand on l'écoutait, Reybaz, on avait l'impression d'aller chercher un ballon dans le ciel, je n'exagère pas. Je l'avais croisé plusieurs fois par hasard au même endroit dans une rue et il a fini par me dire très élégamment : "L'endroit m'est cher pour vous y rencontrer..." A l'époque, j'ai longtemps pris cette "réplique" comme la plus belle des répliques et j'ai imaginé des rencontres et des rencontres qui commençaient ainsi... Peut-être existe-t-elle vraiment cette réplique dans une pièce ? Dans ce cas je n'aurais pas su lui répondre - et c'est vrai qu'en l'occurence mon sourire fut sans doute assez léger pour lui qui trimbalait dans sa tête et dans son coeur les auteurs majeurs des cinquante dernières années !

    Mais vous voyez, je ne l'ai pas oublié et il demeure debout dans mon Panthéon... On se crée ainsi une famille de théâtre...

    Oui, et l'aventure de "Incroyable !" me conforte:  on a envie de jouer dans sa chambre avec des potes toute sa vie ! 

 

clo promène une oie

 

                                                                                      Jacqueline Jacques, notre costumière.

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Incroyable !
  • Suivez l'aventure d'une création théâtrale atypique à J - 79 ! Il s'agit de "Incroyable ! - Un homme qui parle - " de François Béchu qui sera créé au Théâtre de Mayenne le 20 janvier 2015 et le 23 à Changé. Une production du Théâtre de L'Echappée (Laval)
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