Rêve de ruralité ou comment ne pas s'éloigner de soi-même

16 décembre 2014

Rêve de ruralité ou comment ne pas s'éloigner de soi-même

Oui, euh... pour continuer le papier, enfin je veux dire, la confidence d'hier sur le silence, encore cette phrase: Le silence, il nous convoque à la grande parade du magnifique ! Un rideau de théâtre avant qu'il ne s'ouvre, quoi ! Et cette attente de part et d'autre ! La grande parade du magnifique (du magnifique mi-raisin, bien sûr) !

Le moment d'avant la parole, d'avant le mouvement... il en est fortement question dans "Incroyable !". L'attention... au sang qui circule et aux mots qui voguent dans les veines comme bateaux de papier dans le cours du ruiseau... et de l'attention qui devient l'envol ou "l'en-nagement", l'en-gagement, l'an neuf du langage !

Mais on ne sait où le sang de l'être prend sa source, où il se déverse?... Voilà l'idée d'un prochain spectacle qui aurait pour titre "La prise de sang", "Lettre d'un père Sang"... ou "Le sang time", ou "Ceci est mon sang" qui serait encore une autre direction nous menant directement à l'église et à son théâtre; envie de revenir à des lieux l'église berceau de la parole ? Belle description là-dessus de Ionesco (vision d'enfant) en La Chapelle-Anthenaise...

Envie de revenir à des temps où les choses ne sont pas jouées, dessinées, imposées à l'avance; envie de revenir à des lieux ou nul ne s'endort (au théâtre, par exemple...) parce qu'il a quelque chose à dire, à ressentir. Oui, que le public ne soit pas fatigué d'avance ni usé par ce qui de lui est éloigné et qu'il croyait garder. Il faut être généreux en tout, s'activer comme avec un soufflet devant la cheminée et respecter le panneau: "Soufflez sur vos cendres !"

Ah ! Ah ! Il y a un conteur canadien qui réussit à imposer dans des sites différents des pancartes qui chatouillent la réalité. Il racontait tout à l'heure à la radio qu'il avait réussi à faire installer officiellement un panneau où était écrit : "Ici, passage de lutins". Il a aussi lancé l'idée d'un arbre à bonbons. L'été un type est payé pour surveiller un arbre ou poussent des bonbons, et s'il n'y en a plus il en remet !... Les gamins vont se chercher un bonbon quand ils veulent !...

Pas loin d'ici, à Cossé-le-Vivien (Salut Tatin !), le Festival des Embuscades / Festival de l'humour se permet de changer le nom de la commune en Cossé-le-Ribien, d'installer la statue d'un espèce de personnage inventé mais qui est devenu comme le père de la commune !... C'est un peu l'idée du canadien.

Nul ne peut imposer (mettre un impôt, obliger à...)un rêve, et le pire des comptables n'y est jamais arrivé et n'y arrivera jamais. J'ai rêvé donc de jouer "Incroyable !" en milieu rural, là où il y a de l'espace entre les maisons pour que jouent les histoires, les racontars... Retrouver de l'espace, alimenter l'imaginaire, sortir des masques de la ville... Le faire par envie, par naïve envie même et jouer ! Mais où, quand, comment , pourquoi ? La libre circulation des oeuvres... Oui mais ces fossés, ces trappes ! Comment installer des relais, des parades aux censures diverses, comment bousculer l'ordre établi aux mains des Sans-tête ? Quelle fougueuse Compagnie changera le cours des jours ? Après la magnifique parade du silence, la magnifique parade des rêves ! Comment être clair sur le sujet ? Regarder la place des artistes dans notre société ?

Petit Quizz: L'autre jour à la télé, une organisation de notaires a rétribué des intermittents du spectacle pour distribuer des pancartes avant la manif et lancer quelques slogans ! Vrai ou faux ?

Il faut aimer être, ensuite rencontrer de personnes qui aiment être, et puis ça devrait suffire pour faire de la création un feu d'artifice de tous les soirs... "Ré-habiter l'homme... Boire dans des causes... Aimer à sa fin..." , chante Bertin dans sa magnifique chanson "Que faire ?"...

Extrait de "Incroyable !" (page trois)

"Œuvrons !

J’ai dit « Œuvrons ! » ?...

Sans doute, parce que je préfère dire « Œuvrons ! » plutôt que « Ouvrons ! » « Œuvrons ! », c’est… plus large dans ma tête, voilà !

J’aime bien que les mots y soient à l’aise !

Y’a pas d’raison !

Et puis, franchement, dire « Ouvrons ! » sèchement, c’est comme un p’tit verre commandé et pris trop vite sur le bar, alors que dire sèchement « Œuvrons ! »… c’est déjà de l’ivresse ! La « Cuvée du Grand Œuvre » !

On la déguste – je suis sûr - sans la déboucher !

Ça va ?"

*Amies lecttrices, amis lecteurs: nous arrivons bientôt à la 1000 ème page lue ! Alors deux invitations à la clé !