On peut connaître "Le Pain des rêves" de Louis Guilloux, "Le Métier de vivre " de Cesare Pavese, et les "Papiers collés" de Georges Perros... Les relire, les relier... L'homme sur un plateau - livré par qui et pour quoi - ?

Moi j'écris là, ici, quelque chose autour de ce qui m'est tombé, qui m'a été livré il y a une heure par je ne sais quel détour d'une pensée, d'une attention: L'outil des jours ?

"L'outil des jours" - un arsenal à lui seul -, l'outil déjoué - invisible, tombé des mains au dernier coup / à la dernière caresse - , l'outil des jouets - la machine qui remonte l'enfance et lui dit: "Bouge pas d'ici ma p'tite, j'ai pas fini !"

L'outil, le founil... La chaude lame, la pâte du bois, la façon - la façon de se faire être, autrement dit la façon d'être -...

Rassembler toutes ces machines, ces objets qui dans les mains de ceux que j'aime ont taillé, sculpté, maçonné, construit, élevé, rapé, peint... Aucun qui ne continue pas... Sur ma cheminée: Figure majeure du Grand-Père maçon à côté de la figure majeure du Grand-Père ébéniste; ensuite, la liste longue des bricoleurs de vie (amis constructeurs et réparateurs, malades et médecins divers) jusqu'à moi qui ne sais faire de mes dix doigts que de tapoter sur un clavier...

Outils traversiers des temps, des saisons, des révolutions, du soi-disant progrès... L'homme est fait pour la bataille, pour la conquête, pour la réalisation de ses rêves et tout confort le perd... Il a rendu les objets les plus utilisés les moins visibles : il est très fort l'homme et encore plus fort pour se faire peur; une souris peut à tout moment venir grignoter l'édifice et l'écrouler...

Rassembler les jours avec ses outils d'hier et d'aujourd'hui. Rassembler les jours et m'étendre, me noyer parmi eux - impossible ! Toute pierre, tout objet jaillirait, mains tendues; leurs poignées solides quoiqu'ayant vécu: "A l'ouvrage ! A l'ouvrage !"... Repartir. Traverser une prière:

J'aimerais que "Incroyable !" s'accroche au tableau, parmi les outils des jours et que dans la bouche - la bouche de qui voudrait - ses mots se fassent les dents à croquer dans le réel...

Que des poèmes plein les joues...

Que par la langue les baisers des sens... Que j'embrasse ma journée, ardent à l'ouvrage...

Que par la salive le soleil soit ce timbre collé sur l'enveloppe du jour...

Que le travail de mes pieds pour être plus sûr du chemin cherchant la terre et la trouvant...

Que mes pieds, mes mots passent d'abord par la légende des douaniers sillonnant la lande, par exemple au-dessus des Trépassés...

Je voudrais que "Incroyable ! " soit tout ça ! Tout ça !

Jusqu'aux parpaings pleins que mon Grand-Père Félicien faisait lui-même... "Du ciment dans sa huche en bois, non mais tu te rends compte !..." dirait ma mère. Un jour il en prit un de parpaing pour le lancer sur un lièvre au loin dans le champ d'à côté de sa petite maison et le tua net ! Moi j'ai joué dans ce champ au fil du temps puis au fil d'un autre temps je l'ai retourné dans mes pensées...

Maintenant j'arrive sur un plateau, je livre la récolte.

Toute l'équipe dans garage

Toute l'équipe à l'ouvrage !

L'outil des jours / L'homme sur un plateau

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