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Incroyable !
12 décembre 2014

Révélation: La vérité sur "Incroyable !" se trouve dans "Le Prince de Hombourg" !

     La poésie, jusqu'au bout.

     La poésie discutant d'égale à égale avec la mort.

     La poésie du dedans, nourrissant l'instant dans son infini, s'y projetant par la voix du poète.

     La poésie aux extrêmes de la beauté, du mal, de l'amour, du désespoir: Qui n'est pas poète ?

    Voilà qui rattache, dans sa raison d'être (un spectacle), et aussi dans sa quête et à son niveau, "Incroyable !" à Kleist. Et notamment à son dernier texte pour le théâtre: "Le Prince de Hombourg", révélé et avec grand succès aux nombreux spectateurs de Vilar et de Gérard Philippe, lui-même portant le costume du rôle-titre.

     Je reprends ci dessous - en le décortiquant et en l'émaillant de quelques notes et sans italiques - un extrait d'une présentation faite par le traducteur, Elie Recoin, pour l'édition du texte chez Actes Sud:

     "Le Prince de Hombourg" a la densité d'un rêve prémonitoire, de ceux qui précèdent l'adieu au monde... C'est le rêve de Hilflos Henshall qui mène "Incroyable !", et tout rêve est une forme d'adieu puisqu'il est fondé sur la séduction de l'impossible et le plaisir qu'il y a à tout changer, à tout lâcher (Kleist, lui, "usera" de ce plaisir jusqu'au suicide). Hilflos compte sur ses bouteilles à rêver pour rejoindre avec sa femme le monde des rêves, "et y flotter, flotter, flotter, flotter..."  Il n'est pas question de suicide, je vous rassure.

     "Le geste suicidaire de Kleist aura, en effet, été précédé d'un suicide littéraire d'une perfection si grande que l'on s'étonne encore de l'aveuglement de ses contemporains à la force de son théâtre..." Cet aveuglement dont parle Recoin est une constante de l'effet de la poésie quand elle est portée très haut: il y a une tétanisation de la société vis-àvis de sa propre réalité que le poète sait reconnaître; je me suis souvent fait la remarque à la lecture notamment de textes de Jarry, lui aussi grand éblouisseur (éblouisseur même en plein jour) ! Nous ne voulons pas reconnaître l'exiguité de notre destinée que les plus grands poètes ont toujours investie de leurs impressions !

     "Du rêve somnambulique initial du héros à la répétition finale de ce rêve dans le réel..." C'est exactement le parcours de mon héros, Hilflos Henshall... "...il faudra tout le temps de la représentation pour saisir ce qu'il y a d'impossible à représenter et qui fonde justement la singularité de Kleist: le théâtre de l'invisible..." Henshall joue sur ce qui est et ce qui n'est pas, sur ce qui pourrait à tout moment apparaître, et je lui fais dire - au profit d'une spectatrice amenée sur scène pour y circuler - : dans un présent fait de mille présents, la présence traduit tout, dans un langue intraduisible...".

     "Non, dites ! Est-ce un rêve ?", demande le Prince à la fin de l'ouvrage. "Un rêve ? Quoi d'autre ?", lui est-il répondu. Ainsi s'achève la représentation sans que l'on soit jamais sûr d'avoir quitté l'autre scène, celle de l'Inconscient". Toute apparition dans un espace de fiction est un rêve, non ? Un rêve à durée déterminée: nous ne sommes pas capables de rêver nuit et jour, c'est là le problème.

     "Le Prince de Hombourg" nous travaille jusqu'au vertige: est-ce une oeuvre dont le héros rêve son propre destin ou bien une oeuvre dont toute l'action n'est qu'un rêve ? Ou encore, Kleist n'a-t-il fait que se rêver lui-même en Prince de Hombourg ?" Les planches d'un théâtre (comme les planches à palets pour certains) sont un terrain de jeu où le chapeau est l'accessoire principal car il est le signe d'une salutation de bonjour ou/et d'adieu; il peut être l'objet qu'on modèle, ("l'action n'est qu'un rêve"), qu'on transforme (au jeu de palets on dit aussi: "faire un chapeau quand une pièce recouvre le maître...), et puis il y a le "Chapeau !" qui vient de la salle, même si l'expression n'est plus guère utilisée dans le langage courant... Et puis donc ce "vertige", oui, qui est notre émotion (sur scène, dans la salle) quand tout le monde est transporté sur des voies inhabituelles pour s'y débrouiller comme il peut...

     "Au-delà des interprétations traditionnelles qui voient dans cette pièce un conflit entre l'individu et l'Etat - rien d'autre que l'unique correspont à l'unique: tous les chercheurs d'absolu sont des rebelles... -, le sentiment et la loi - le désordre de l'esprit et son organisation-, l'intuition et la raison - vivre l'instant ou se regarder vivre -, c'est peut-être aujourd'hui le caractère testamentaire de l'oeuvre, sa charge biographique, au regard de la fin tragique de kleist, qui nous émeut plus que tout".  L'émotion d'un poète qui en nous quittant, en quittant sa dense solitude,a parlé plus fort à tous.

 

H dans le Prince de H

 

                            Hervé Legoff dans le Prince de Hombourg (Avignon 2015, version "Incroyable !") Jean-Marie Lorvellec endossera aussi le costume !

 

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Incroyable !
  • Suivez l'aventure d'une création théâtrale atypique à J - 79 ! Il s'agit de "Incroyable ! - Un homme qui parle - " de François Béchu qui sera créé au Théâtre de Mayenne le 20 janvier 2015 et le 23 à Changé. Une production du Théâtre de L'Echappée (Laval)
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