Jacques Gamblin, Anne Bourgeois et les autres

     L'ami Gamblin retrouvé lors de la création de son dernier presque solo me donne envie de poursuivre quelques lignes jetées dans l'idée de faire un "seul en scène" comme il faut dire maintenant. Mais s'il y a Jacques, il y a aussi dans ma mémoire Bernard Haller, Raymond Devos, Jacques Villeret et Philippe Avron. Surtout Philippe Avron avec qui j'avais fait des lectures de Georges Perros et de Xavier Grall à La Parcheminerie (Rennes / Quelle tristesse de voir aujourd'hui le lierre attaquer rageusement la façade sans que personne ne s'en offusque !). C'était en marge de la création "Avron Big Bang", fabuleux spectacle qui voyait Philippe en prof de philo parcourir les galaxies ! Je me suis dit que à part Gamblin (et peut-être dans une certaine mesure Marc Jolivet et quelques autres bien rares), cette famille - marginale - de théâtre issue des cabarets parisiens, comme tous les chanteurs majeurs et éternels du siècle dernier, ne donnait plus guère signe de vie, étouffée sans doute par des lois qui me sont et me seront toujours bien étrangères. Alors j'ai voulu continuer à écrire pour faire un signe à cette famille à laquelle je dois tant... Quelques mois plus tard, je retrouve Anne Bourgeois dans le Jury des Arlequins à Cholet... On parle de Jacques avec qui elle a travaillé et je lui propose de lire le premier brouillon de mon scénario. Elle accepte et sur plusieurs mois je lui envoie l'avancée du texte dont elle me fait des retours constructifs (aujourd'hui il faut dire "pertinent"... mais moi je préfère "constructif", étant plutôt impertinent sur le sujet !). Je suis bel et bien en lien avec la famille de théâtre qui m'inspire et je vole alors vers une première mouture... J'ignorais à l'époque qu'il m'en faudrait une bonne trentaine pour livrer un texte sans nouvelles retouches. Quand on part de rien, c'est à dire de soi, la route est longue et les paysages divers (et d'été, et de printemps et d'automne aussi... Oui, presque deux fois le tour des saisons pour arriver aujourd'hui à un texte qui ne bougera plus... enfin ?...). Il a fallu aussi plusieurs lectures publiques pour "sentir", "tester", "évaluer" la présence de l'autre autour du berceau... Tout cela est déjà loin ! Le théâtre gère aussi bien la fulgurance que la durée pour exister dans l'instant de la représentation. Dans 78 jours, nous y serons !